Un intérêt pour le Patrimoine Historique.
Voici le récit de son histoire à travers les âges...
Ce village médiéval fortifié bâti sur un piton rocheux, dont le pied borde l’Hérault à la sortie des gorges, est un bourg considérable dans les Cévennes (armorial de Languedoc). Son site stratégique, ouvrant la porte de la plaine languedocienne aux Cévennes, permet, en plus, du haut de son donjon-tour (27 m) l’observation circulaire complète de tout l’arrière-pays en contrôlant les entrées et les sorties des diverses vallées. C’est pourquoi ce fut un lieu de vie permanent depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, adaptant l’intérêt de sa situation à chaque évolution de la civilisation.
A la Préhistoire, le fleuve Hérault navigable par radeau, était la seule voie d’accès à l’arrière-pays. L’homme de "Cro-Magnon" contrôlait ce passage depuis la grotte des lauriers dans la falaise. Pour preuve de son habitat il y a 15 à 20 000 ans, 1 500 objets de vie et 500 outils y ont été trouvés. Existe encore une gravure pariétale de bovin blessé (Auroch), rare dans la région. Dans les 20 000 habitants en France à cette époque, il y avait déjà des Laroquois. Plus tard, vers 7 000 ans avant J.C., les moutons arrivant dans le midi, à l’état sauvage, trouvèrent d’eux-mêmes la Draille de la Lusette (de St Gelly à l’Aubrac), qui continua d’être empruntée par la transhumance, après la domestication.
Les phéniciens utilisèrent l’Hérault pour accéder aux mines d’or et d’argent des Cévennes (Fabre d’Olivet), et profitèrent du site pour protéger Ganges, entrepôt de leur trésor (Ganzhi). Des sculptures de chapiteaux prouvent leur influence.
Les Celtes, gaulois, nous ont laissé des dolmens dans les bois du Thaurac, et des menhirs à Ginestous.
Les Gallo-Romains ont utilisé le sommet du rocher comme oppidum. Les légionnaires romains qui ont défriché les terres, habitaient la "Villa Bancal". On retrouve au château des soubassements de l’époque.
Les Wisigoths (VIe, VIIIe siècle) nous ont laissé plusieurs vestiges en pierre : colonnes, bases d’autel, abaque d’arc moyen de chapiteau.
A l’époque Carolingienne (780) Saint-Benoît, abbé d’Aniane (fils de Wisigoth), fit construire le prieuré de Saint-Brès, abri pour les voyageurs, ruines à 1 km de Laroque. Des soubassements de maisons du village, en petits moellons de pierre, témoignent également de cette époque.
Le Moyen Age nous laisse tout de même les principaux souvenirs de la vie du village. Le CASTRUM comprenant le donjon-tour du 10e siècle, le corps de logis des 12e et 13e siècle, la chapelle castrale de Saint-Jean du 11e siècle, la demeure seigneuriale, le groupe de maisons romanes : l’ensemble protégé d’une enceinte haute a été le lieu de vie des seigneurs, chevaliers, servantes et travailleurs au château ; de la première partie du Moyen-Age.
Au 14e siècle, le village s’étant étendu jusqu’aux bords de l’Hérault, se sont construits les remparts (enceinte basse) en protection contre les brigands (routiers) apparus pendant la peste noire et la guerre de cent ans. La draille de la Lusette passait dans le village, entre les deux enceintes, rue de la Madeleine actuelle, protégée par deux portes : une à l’Est l’autre à l’Ouest, d’où la possibilité de faire payer l’octroi et de contrôler ce passage obligé. Notons que le Roi Saint-Louis essaya de démilitariser Laroque en faisant écrêter le donjon ; mais le Pape Grégoire IX s’y opposa (cartulaire, bullaire de Maguelonne) ! Richelieu également fit démolir une petite partie des remparts extérieurs, d’où la rue de la Brèche, pour soumettre les féodaux. L’église paroissiale Sainte-Madeleine fut construite en dehors des remparts, au 12e siècle, et fut rehaussée en 1898 du fait des inondations.
- Chapelle Saint-Jean
La chapelle castrale Saint-Jean a été donnée par les seigneurs en 1155 pour former la paroisse de Laroque. Elle est toujours restée l’âme du village : "La Gleysette" étant protégée par les remparts, le culte paroissial y a été pratiqué pendant les périodes troublées et les guerres de religion. La chaussée formant le plan d’eau alimentant le moulin du seigneur, date du Moyen-Age. La seigneurie de Laroque dépendait de la Baronie de Sauve et du Comté de Toulouse. Les co-seigneurs "De la Roque" ont été à Laroque du 11e siècle à la Révolution ; tout en étant seigneur de la Cadière et de Couloubrines, étant verriers du Languedoc. Les co-seigneurs de Saussan, affiliés au Roi de Majorque, sont restés à Laroque du 13e siècle à la Révolution, et ont offert la cloche fondue par Boirer, en 1630. Laroque n’a rendu hommage au Roi qu’en 1503. Aynier vient du Seigneur Arnaud qui était l’aîné (12e siècle).
La renaissance nous a laissé de belles portes, entre autres une de maître sculpteur, dans les ruelles entre les deux enceintes, ainsi que la demeure seigneuriale restaurée à cette époque avec son grand escalier et sa coquille Saint-Jacques.
La prospérité industrielle du 19e siècle se rappelle à nous par l’imposante FILATURE à l’entrée du village, avec ses quatorze baies en arc plein cintre. Elle fonctionna pendant cinquante ans avec ses 117 bassines.
Actuellement c’est la vocation de ce charmant village positionné au mieux à mi-chemin entre mer et montagne dans un environnement naturel, magnifique, apprécié des touristes. Déjà, il dispose de nombreuses activités ludiques : escalade, renommée des falaises du Thaurac (tous niveaux, toutes hauteurs), canoë-kayak, canyoning, spéléo, V.T.T., randonnées pédestres, pêche, découverte faune et flore. Balisage de sentiers sur le Thaurac avec point de vue sur les gorges de l’Hérault.
L’association de sauvegarde et de la mise en valeur de la chapelle Saint-Jean et du patrimoine historique de Laroque-Aynier